Pourquoi y a-t-il des cavernes uniquement dans certains endroits de la planète ?

Comment expliquer que dans certaines régions, on trouve une grande quantité de cavernes tandis que dans d’autres, il n’y en a aucune ? Pourtant, notre planète entière est recouverte par une croûte rocheuse, alors pourquoi n’y a-t-il pas des trous qui forment des cavernes partout où il y a de la roche ? La réponse est simple : la plupart des cavernes se forment dans un type de pierre bien précis, qu’on appelle la roche calcaire. Cette pierre, qui est très commune, possède une caractéristique que très peu de pierres de la planète possèdent : elle fond au contact de l’eau ! Cette fonte, nommée dissolution du calcaire, est le principal mode de formation des cavernes. Les zones caractérisées par une surface de pierres calcaires sont communément appelées des zones karstiques ou des karsts. Certaines portions de la croûte terrestre, celles qui abritent des karsts, sont donc plus propices pour y découvrir des cavernes, tandis que les chances sont très faibles dans les zones où se trouvent d'autres types de roches.

Figure 1. Certaines régions de la planète sont bien connues pour abriter des karsts qui sont des points chauds de diversité de troglobies; les cavernes du Texas sont un bon exemple. (Crédit : Paquin & Roy-Savard).

À l’échelle planétaire, certaines zones karstiques couvrent de très grandes superficies et abritent des espèces qui vivent dans ces cavernes, les troglobies. L'ensemble de ces animaux spécialistes (insectes, arachnides, crustacés, myriapodes, etc.) forme une faune dont la distribution est souvent limitée aux cavernes de cette région particulière. Par exemple, sur la planète, on connaît quelques régions seulement qui abritent plus de 50 espèces de troglobies. En Amérique du Nord, les zones les plus riches sont l’Alabama, l’Indiana, la Virginie occidentale et le Texas. Il n’est donc pas surprenant que le Texas soit une zone d'intérêt pour ceux qui désirent en apprendre plus sur les bestioles associées aux cavernes. Au Texas, la plupart des entrées des cavernes des régions urbaines d’Austin et de San Antonio sont munies de lourdes portes en acier pour empêcher le vandalisme et les visiteurs non-désirés (figure 2).

Figure 2. Une entrée de caverne typique du Texas. Les cavernes de cette région sont souvent munies d’une lourde porte en acier pour en limiter l’accès. (Crédit : Pierre Paquin).

En Europe, on observe aussi des points chauds de diversité des troglobies qui semblent se trouver dans un corridor situé juste au-dessous du 45ème parallèle, couvrant l’Espagne, la France, l’Italie, la Slovénie et la Croatie. Il est très possible que d’autres régions de la planète se révèlent d’une aussi grande diversité d’espèces spécialistes, particulièrement en Asie qui est pratiquement inexplorée. En Chine cependant, plusieurs découvertes récentes faites par l’arachnologue Shuqiang Li et ses étudiants, procureront probablement à cette vaste région encore méconnue, un statut du même type puisque les découvertes surtout axées sur les araignées, sont simplement extraordinaires.

On pourrait penser que si la diversité des troglobies est intéressante en Europe ou aux États-Unis, qu’est-ce que ce doit être dans les cavernes tropicales ! Bien sûr, nous avons tendance à croire que les patrons de diversité observés “à la surface” doivent refléter la diversité “sous” la surface, celle des troglobies. Les données actuelles suggèrent que cette perception est complètement erronée. La faune des cavernes tropicales est plutôt pauvre et le pic de diversité s’observe à mi-chemin entre l’équateur et les cercles polaires.

Il est important de mentionner qu’en Amérique du Nord, les connaissances des espèces troglobies sont surtout dues aux efforts continus de quelques biospéléologues, qui ont contribué de façon extraordinaire à la connaissance de la faune des cavernes. En Alabama par exemple, nos connaissances sont surtout dues aux efforts de Stuart B. Peck, un vaillant coléoptériste. En Indiana, c’est en partie le travail de Julian J. Lewis, un expert des isopodes aquatiques qui a contribué à mieux faire connaître cette région. Au Texas, c’est James R. Reddell, un infatigable et extraordinaire biospéléologue à qui nous devons beaucoup.

Auteur : Pierre Paquin

Vers le blogue Fractalis suivant
Vers le blogue Fractalis précédent
Vers le répertoire de blogues Fractalis

Vous avez aimé cet article? Vous avez des questions ou des commentaires pour l'auteur? Écrivez-nous dans la partie commentaires un peu plus bas. Nous vous répondrons avec plaisir!

Publié 
11/9/2023
 dans la catégorie 
Fractalis