Figure 1. Matt démontre de l'enthousiasme pour utiliser son aspirateur à bestioles, dans le but de récolter quelques spécimens qu’il pourra par la suite identifier au stéréoscope. (Crédit : Paquin & Roy-Savard).

La récolte des bestioles (insectes, arachnides, myriapodes, crustacés) est un véritable art, que ce soit à des fins scientifiques ou récréatives. Il existe de nombreuses méthodes pour y arriver qui sont souvent performantes dans un contexte particulier ou un but précis. Par exemple, on peut penser au filet à papillon conçu pour attraper les bestioles en vol. Toutefois, le filet est aussi très efficace pour faucher la végétation basse et ainsi ramasser les bestioles associées à cet habitat. Cette technique se nomme “filet fauchoir” et permet beaucoup plus que la capture de papillons. Ainsi, Il existe des méthodes et des outils appropriés pour tous les contextes : dans les airs, dans le sol, associées à la végétation, etc. Pour la récolte de spécimens actifs à la surface du sol, la méthode dite de pièges-fosses est couramment utilisée.

Aspirateurs

Les entomologistes (ceux qui étudient les insectes) et les arachnologues (ceux qui étudient les arachnides, dont les araignées) sont cependant souvent à la recherche de bestioles fragiles ou de très petits spécimens qu’ils capturent à vue. Il est possible d’utiliser ses doigts, mais cette approche aboutit presque toujours à un spécimen endommagé ou tellement abîmé qu’il n’est plus reconnaissable. Pour éviter cette fâcheuse situation, les scientifiques expérimentés utilisent un outil qu’on nomme : aspirateur à bestioles (figures 1, 2). Il existe plusieurs modèles d’aspirateurs, mais un des plus efficaces est l'aspirateur droit, qui est fait de cette façon : 1) un long tube flexible généralement coloré avec des couleurs vives, dans lequel on insère 2) un court tuyau transparent et 3) un filtre à mailles fines installé à la jonction des deux tuyaux (figure 1). Ce filtre laisse passer l’air mais les mailles sont tellement fines qu’aucune bestiole ne peut le traverser.

Figure 2. Un aspirateur qui permet de récolter des spécimens facilement et sans les abîmer (même les petits) et de les transférer dans des fioles de collection. (Crédit : Pierre Paquin).

Le fonctionnement

Pour actionner l’aspirateur, il faut insérer le bout coloré dans la bouche puis aspirer comme on pourrait le faire pour boire un jus avec une paille (figure 3). Ce vide provoqué par la bouche est assez fort pour aspirer la bestiole à l’intérieur du tube transparent. C’est à ce moment qu’on apprécie pleinement la présence du filtre dans l’aspirateur puisqu’il empêche la bestiole de se rendre dans notre bouche. Sans ce filtre, le club des petits déjeuners prendrait une toute autre signification pendant les chasses aux bestioles matinales. La couleur vive du tuyau est très utile pour retrouver les aspirateurs égarés dans les bois ou sur le sol.

Figure 3. Fonctionnement d'un aspirateur. On aspire la bestiole à l'aide de la bouche. Une fois dans le tube, elle ne dépasse pas le filtre inséré entre la partie colorée et le bout transparent. On bloque avec son pouce, puis on souffle pour expulser le spécimen dans le récipient voulu. (Crédit : Paquin & Roy-Savard).

Une fois la bestiole entrée dans l’aspirateur par le tuyau transparent, il faut placer rapidement son pouce (ou un doigt) au bout de l’aspirateur pour l’empêcher de ressortir. Ainsi prisonnière entre le filtre et notre pouce, il est possible de l’examiner au travers du tube transparent, sans risquer de la perdre.

L’étape suivante consiste à retirer son pouce et à souffler dans le bout coloré en direction d’un pot qui contient un peu d’alcool. La bestiole sera éjectée de l’aspirateur pour tomber dans l’alcool, dans lequel elle meurt en quelques secondes. Cette mise en alcool est essentielle pour la conservation du spécimen dans un état parfait, et l’alcool empêche aussi la dégradation de l’ADN de la bestiole. Il est aussi possible de les expulser dans un contenant sec, tout dépend du but poursuivi, mais dans un contexte scientifique pour des arachnides, la mise en alcool est souvent la norme.

Dans les cavernes

Pour explorer certaines cavernes, des biospéléologues québécois ont mis au point un aspirateur spécial muni d’un filtre médical (figure 4) pour éviter d’attraper l’histoplasmose, une maladie grave causée par un champignon associé aux déjections de chauves-souris. Heureusement, les cavernes dans lesquelles il serait possible d’attraper cette maladie pulmonaire sont plutôt rares.

Figure 4. Aspirateur muni d'un filtre médical pour éviter la contamination par des spores de champignons, par des bactéries ou par des virus. (Crédit : Martin Archambault).

Auteur : Pierre Paquin

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Publié 
11/9/2023
 dans la catégorie 
Fractalis