Figure 1. Dans la bande dessinée, on explique que les peintures rupestres représentent des animaux qui ont disparu aujourd'hui. Ce sont des espèces dites “éteintes”. Les espèces de notre planète, les plantes comme les animaux, sont soumises à des facteurs qui limitent leur répartition géographique. Celles qui sont les plus restreintes géographiquement et les plus fragiles sont plus à risque de disparaître. Ces espèces sont souvent inscrites sur des listes d’espèces menacées d’extinction pour tenter de les protéger. Des disparitions naturelles - sans le concours des humains - se produisent aussi, mais le rythme de disparition des espèces est accentué avec l’intensité de l’activité humaine. (Crédit : Paquin & Roy-Savard).

Les habitats de notre planète

La planète Terre est un ensemble d’habitats qui présentent des conditions environnementales très diversifiées. Par exemple, on peut penser aux déserts, qui sont chauds et secs, aux cercles polaires qui sont froids et sans végétation, et aux forêts tropicales avec des forêts humides où des milliers de plantes poussent. Ce ne sont pas les seuls exemples, il existe des centaines d’habitats qui présentent des conditions qui les caractérisent et les distinguent (milieux alpins, cavernes, fosses abyssales, forêt boréale, toundra, rivages marins, marécages, etc.).

Les espèces de notre planète

Les êtres vivants de notre planète se distribuent dans ces habitats en fonction de leurs besoins et ils y trouvent les conditions minimales nécessaires pour leur survie. Les conditions à satisfaire ne sont pas les mêmes pour toutes les espèces d’animaux et de plantes; certaines espèces ont besoin de chaleur, par exemple les palmiers (famille des Arecaceae, plus de 2600 espèces) et les cactus (famille des Cactaceae). Les cactus sont mieux équipés pour survivre dans les conditions de sécheresse extrêmes. On trouve donc plus de cactus dans les déserts que de palmiers.

La répartition géographique des espèces : parfois vaste et parfois restreinte

Quand les conditions nécessaires pour la survie d’une espèce sont communément rencontrées, il s’ensuit une répartition de l’espèce qui est vaste. Par exemple, on peut penser aux conditions nécessaires pour que les érables à sucre (Acer saccharum Marshall 1785) puissent pousser. Au Québec, ces conditions sont communes et il en résulte une distribution de cette espèce à grande échelle dans le sud province, et même jusqu'aux États-Unis. Cependant, d’autres espèces ont des affinités tellement particulières qu’on ne les trouve qu’à très peu d’endroits, ou sur des tout petits territoires. Au Québec, on peut penser au poisson Chevalier cuivré (Moxostoma hubbsi Legendre 1952), qui ne se trouve que dans quelques rivières du Québec et nulle part ailleurs sur la planète. Ce phénomène se répercute aussi à plus grande échelle, par exemple l’Arbre de Josué (Yucca brevifolia Engelmann 1871) ne se trouve que dans quelques déserts de l’ouest des États-Unis, ou encore les magnifiques géants que sont les arbres kauris : Agathis australis (D.Don) Lindl. ex Loudon 1829, trouvés uniquement dans le nord de l'Île du Nord de la Nouvelle-Zélande (figure 2).

Par contre, on ne rencontre pas les érables à sucre dans l’ouest du Canada, bien que les conditions climatiques et environnementales soient relativement similaires. En plus d’affinités pour des habitats particuliers, il faut aussi ajouter des contextes évolutifs (tant biologiques, géographiques et géologiques) qui influencent aussi la répartition des espèces sur la planète. En fait, ce que nous observons actuellement est la résultante de millions d’années de mouvements où les espèces vivent, se déplacent si les conditions changent, ou disparaissent si les changements sont trop importants.

Figure 2. Les kauris sont des arbres gigantesques qui ne se trouvent que dans la portion nord de l’Île du Nord de la Nouvelle-Zélande. Cette espèce risque de disparaître de la planète si une catastrophe se produit, ce qui est malheureusement en train de se produire puisqu’une maladie affecte ces arbres et entraîne un déclin rapide de ces populations. Espérons que des solutions seront trouvées rapidement. (Crédit : Pierre Paquin).

Les distributions restreintes sont plus à risque de disparaître

Un des objectifs les plus nobles que les humains poursuivent est de préserver la planète et les espèces qui y vivent. On nomme cette préoccupation la conservation ou encore le maintien de la biodiversité. Cette approche est intéressante parce qu’elle reconnaît que les humains ont un impact important sur la planète à cause de la pollution et du développement. Elle tente aussi de déterminer des priorités pour des espèces qui risquent de disparaître de la surface du globe s'il n’y a pas d’interventions qui sont faites. Par exemple, on sait que les espèces qui occupent un vaste territoire ont un faible risque de disparaître parce qu’il est peu probable que l’ensemble d’un vaste territoire soit affecté d’un seul coup. On peut penser aux ours noirs qui occupent l’ensemble de la forêt boréale, un immense écosystème. Il est très peu probable que les ours noirs disparaissent parce que le territoire est immense; il est presque impossible qu’une catastrophe affecte la forêt boréale en entier.  Par contre, si on pense à la distribution du Chevalier cuivré, il y a fort à parier que cette espèce disparaîtrait si une catastrophe venait affecter les quelques rivières du sud du Québec où cette espèce se trouve. En général, les endroits de la planète qui possèdent un fort taux d’endémisme sont plus vulnérables aux disparitions d’espèces.

Les espèces menacées

Pour éviter de voir des animaux et des plantes disparaître de la planète, les humains ont dressé des listes qui attirent l’attention sur la fragilité de certaines espèces. Ces listes précisent que ces espèces sont davantage à risque de disparaître que les autres, à cause de leur distribution restreinte ou d’autres facteurs qui les fragilisent (reproduction lente, destruction d’habitat, etc.). De telles listes portent différents noms : espèces menacées de disparition, espèces menacées d’extinction, espèces vulnérables, espèces à statut de conservation, red list. Elles existent dans tous les pays et dans toutes les régions du monde. Certains pays cependant, n’arrivent pas à appliquer les règles qui permettraient de limiter la disparition de ces espèces dites fragiles.

L’exemple du Dodo

Est-ce que les humains ont réellement un impact sur l’environnement ? Est-ce que des espèces sont réellement disparues de la planète à cause des gestes des humains ? La réponse à cette excellente question est : oui, malheureusement. Un exemple bien connu est celui de l’oiseau qui se nomme Dodo († Raphus cucullatus Linnaeus 1758). Ce gros oiseau, haut d’environ 1 mètre et incapable de voler, était une espèce endémique à l'Île Maurice, située près de Madagascar. Cet oiseau a longtemps été une proie facile pour les marins qui le chassaient pour sa viande. La chasse a été si bonne, qu’en 1536, l’oiseau a complètement disparu de l’île. Le drame c’est que cette espèce était endémique à l'île Maurice et ne se trouvait nulle part ailleurs sur la planète. En disparaissant de cette île à cause des humains, cette espèce est non seulement disparue de l’endroit, mais de la planète entière. † Raphus cucullatus est maintenant qualifiée d’espèce éteinte (d’où le symbole † qui précède le nom scientifique, voir nomenclature). Des recherches récentes ont permis de découvrir des ossements qui ont servi pour la reconstitution d’un spécimen qu’il est possible de voir au British Museum of Natural History. Cette histoire est devenue un véritable symbole pour la conservation et un témoin de l’ignorance passée des humains face à la nature.

L’impact des humains

L’activité humaine a un impact important sur la nature et sur les espèces de notre planète. L’exploitation forestière, l’exploitation minière, l’élevage de bétail font partie des activités liées au développement des sociétés humaines, pour lesquelles il y a un prix environnemental à payer.  Les exemples sont nombreux des conséquences négatives de ces pratiques, avec de sérieux problèmes de pollution (eau, terre, air) et plus récemment avec la pollution par les matières plastiques. Les impacts de l’activité humaine sont tellement importants, qu’on estime qu’il y a une espèce par jour qui disparaît de notre planète. Ces disparitions ne sont pas uniquement dues aux maladresses des humains, mais nous savons maintenant que ces disparitions sont plus rapides et plus nombreuses à cause de nos activités de développement et de la pollution qui en découle. L’établissement de listes d’espèces menacées, de parcs de conservation et de zones protégées sont de louables efforts pour tenter de contrer cette lourde tendance à l’échelle de la planète qui se traduit par une perte de biodiversité causée directement ou indirectement par les humains.

Ce n’est pas entièrement notre faute

Il ne faut cependant pas tout mettre sur le dos des humains, puisque nous savons aussi que les espèces sont influencées par les variations et les phénomènes naturels de notre planète. Les exemples sont nombreux démontrant que les variations trop extrêmes ou trop subites peuvent aussi causer l’extinction des espèces. Nous n’avons qu’à penser à la disparition des dinosaures - disparition “subite” il y a 66 millions d’années qui a peu à voir avec les humains puisque notre espèce n’était pas encore présente sur Terre. Pour une fois, ce n’est pas de notre faute ! On peut aussi penser à la disparition des mégalodons († Carcharocles megalodon (Agassiz 1843)] il y a 3 millions d’années. L’hypothèse la plus probable pour expliquer l'extinction de ce super prédateur serait une raréfaction des proies induite par une variation de la température des océans… encore une fois rien à voir avec les humains. Plus récemment, nous avons constaté que certains animaux qui ont côtoyé les humains comme les Mammouths laineux [† Mammuthus primigenius (Blumenbach 1799)], sont aussi disparus il y a environ 4 000 ans (figure 3). Les hypothèses récentes à ce propos pointent vers les changements de température pour expliquer cette extinction. Oui oui… des changements climatiques, avant NOS changements climatiques ! Il s’agit d’une preuve de plus que ce sujet est à prendre au sérieux.

Figure 3. Les derniers Mammouths laineux ont disparu il y a 4 000 ans. (Crédit : Shutterstock).

Il est stupéfiant de constater par les yeux des premiers humains, que des changements importants à propos de la faune (et de la flore)  ont eu lieu dans cette période relativement récente, où notre espèce est présente sur Terre. Nous savons grâce aux peintures rupestres  - en France entre autres - que ces humains ont observé des animaux comme des hyènes, des lions et des rhinocéros en Europe. Depuis, des variations de climat et de température ont forcé ces espèces à quitter cette région pour des conditions plus favorables. Pour d’autres animaux, ces variations se sont avérées trop subites ou importantes et ils n’ont  simplement pas survécu. Ces extinctions récentes nous aident à mieux comprendre les mécanismes qui régissent la vie sur notre planète.

Auteur : Pierre Paquin

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Publié 
11/9/2023
 dans la catégorie 
Fractalis