Question de date

P. Paquin
Scienceinfuse Inc., 12 Saxby Sud, Shefford, QC, J2M 1S2, Canada. Courriel : pierre.paquin123@gmail.com

En arachnologie, comme dans toutes les branches de la science, il existe des façons de faire qui peuvent sembler obscures au premier abord. Par exemple, pourquoi écrit-on la date de cette façon : 06.vii.2020, avec le mois inscrit en chiffres romains? ne serait-il pas plus simple d'écrire au long le 6 juillet 2020? ou le 06-07-2020? En un mot : non, ce n'est pas plus simple, et pour trois raisons : 1) occuper le moins d'espace possible sur une étiquette de données biologiques, 2) être lu par le plus grand nombre de gens possible, et 3) éviter toute confusion.

1) Les étiquettes de données biologiques contiennent les informations pertinentes à la récolte du spécimen : localité, habitat, moyen de capture, nom du collectionneur entre autres choses, et aussi la date qui indique à quel moment de l'année le spécimen a été trouvé. Ces étiquettes de données sont les plus petites possibles et placées à l'intérieur de la fiole qui contient le spécimen conservé dans de l'éthanol 70%. La première considération est d'occuper un minimum d'espace sur cette étiquette, ce qui est tout à fait logique avec un espace limité.

2) Certains diront qu'inscrire le mois au long (ou en abrégé, « sept. »  pour septembre) n'occupe pas beaucoup plus de place non plus. Cette pratique n'est pas encouragée parce que chacun inscrirait le mois dans sa langue maternelle. Comment ferions-nous alors pour déduire le mois de capture si le mois est indiqué en chinois ou dans une autre langue que celles qui sont familières aux chercheurs qui consultent ces données scientifiques? Le format 06.vii.2020 permet que ces données soient comprises internationalement, peu importe la langue de ceux qui les consultent. Pour avoir laissé échapper quelques jurons lors de mon travail dans la collection d'araignées du China Academy of Science, je suis maintenant sensible à cet aspect qui touche probablement plus les professionnels.

3) Enfin, le point le plus important à propos de ce format, c'est qu'il permet de contourner un problème généré par le format de date employé surtout aux États-Unis. Dans la plupart des pays, le format de date commence par la plus petite unité, c'est-à-dire la journée : par exemple le 9-02-2020, qui signifie le 9 février 2020. Mais aux États-Unis, l'utilisation courante positionne le mois en premier lieu : le 9-02-2020 signifie plutôt le 2 septembre 2020. Cette différence est importante parce qu'un spécimen récolté en septembre n'est pas l'équivalent d'une récolte faite en février, surtout au Québec! Pour s'assurer que la lecture d'une date est bel et bien celle associée au spécimen et non pas une interprétation qui peut différer en fonction des usages, le mois est indiqué en chiffres romains. Cette pratique démontre la fiabilité de l'information en dissipant les doutes possibles causés par les différents formats de date. Une capture faite le 9 février 2020 s'écrit donc 09.ii.2020, qui ne laisse aucune autre interprétation possible. La convention est de positionner le jour en premier, d'utiliser des points comme séparateurs au lieu de tirets (ce qui réduit aussi l'espace utilisé) et d'inclure un « 0 » avant le jour s'il s'agit d'une unité. Cette dernière pratique permet de minimiser des erreurs possibles : le 02 signifie réellement le 2 du mois, et non pas le 12 ou le 22 avec une faute de frappe. L'année est inscrite au long avec 4 chiffres, puisque certaines collections peuvent être utilisées pendant des centaines d'années. Certains utilisent les majuscules pour le mois en chiffres romains, mais les minuscules sont souvent préférées parce qu'un « i » minuscule est plus distinctif qu'en majuscule « I », qui ressemble à un « l » minuscule.

Publié 
2021
 dans la catégorie 
Arachnides