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Famille: 

Theridiidae

Détails

Les Theridiidae comprennent actuellement 48 espèces répertoriées au Québec, mais une dizaine d’autres pourraient bien s’y trouver. Cette famille possède une morphologie diversifiée, cependant la plupart des genres sont bien distincts. La majorité des espèces présentent de jolis motifs abdominaux qui facilitent la reconnaissance des espèces, sauf pour les genres Robertus et Theonoe qui sont unicolores. La taxonomie des Theridiidae d’Amérique du Nord est bien connue grâce grâce aux révisions de Levi (1953 à 1966) et de Exline et Levi (1962).
Les Theridiidae tissent deux types de toiles. Les espèces associées aux arbustes et aux buissons apposent les fils gluants en périphérie pour capturer les insectes volants. Le second type est propre aux espèces associées au sol : les fils collants se trouvent dans la partie centrale, plus dense, où les proies s’enchevêtrent (fig. 2374).
Les espèces du genre Steatoda possèdent des structures stridulatoires sur la partie arrière du céphalothorax et sur la partie avant de l’abdomen. Ces  araignées émettent des sons dont la fréquence diffère en fonction des espèces : S. bipunctata stridule un « mi » de la gamme tandis que S. castanea, émet un « la ». Ces différentes tonalités servent sans doute de mécanisme de reconnaissance intraspécifique (Meyer 1928). Steatoda bipunctata est une espèce introduite en Amérique du Nord qui ressemble beaucoup à S. borealis, notre espèce indigène. Nyffeler et al. (1986) ont montré que les niches de ces deux araignées sont très similaires et que l’arrivée de S. bipunctata, une espèce plus agressive, a provoqué le déplacement écologique de S. borealis. Steatoda bipunctata est commun autour et dans nos habitations, tandis que S. borealis est maintenant exclu de cet habitat qu’il occupait auparavant. Mentionnons que S. borealis est encore commun dans la partie nord de son aire de répartition, là où S. bipunctata n’a toujours pas été signalé. Toutefois, cette dernière espèce est en pleine expansion dans la province : elle maintenant signalée jusqu’en Gaspésie, où elle est très abondante.
Achaearanea tepidariorum est une espèce associées aux habitations humaines. Elle se trouve au Québec, mais elle est plus commune au sud de nos frontières, dans les jardins. L’arrivée récente au Canada d’Achaearanea tabulata, une espèce cosmopolite très similaire (Dondale et al. 1994), pourrait provoquer le même type de déplacement que celui observé pour S. borealis. La progression d’A. tabulata au Québec est très rapide et on la trouve maintenant dans plusieurs localités et habitats.
Plusieurs espèces des genres Theridion et Rugathodes sont associées à la végétation. Theridion frondeum et T. murarium (fig. 2351) sont fréquents sur les structures extérieures des habitations. Selon Stiles et Coyle (2001), il existe une remarquable complémentarité entre Rugathodes aurantium et R. sexpunctatum, deux espèces boréales dont la répartition s’étend aussi dans les forêts des Appalaches. Ces deux espèces d’araignées sont présentes dans le même type d’habitat, mais lorsqu’une occupe une aire donnée, l’autre y est pratiquement absente, et vice versa. Rugathodes aurantium occupe davantage les microhabitats du sol, tandis que R. sexpunctatum préfère l’étage supérieur de la végétation, en particulier les sapins (Abies balsamea (L.) Mill.).
Theonoe stridula est le plus petite théridiide du Québec. Il est souvent confondu avec des Linyphiidae, auxquels il ressemble beaucoup. Theridula emertoni est une jolie araignée que l’on récolte en battant la végétation. Elle est reconnaissable par son abdomen aux rebords anguleux, orné d’une tache centrale pâle. Les espèces du genre Euryopis possèdent un abdomen triangulaire et plat très caractéristique. Euryopis argentea est une espèce ornée de taches argentées luisantes que l’on peut récolter dans la litière des forêts jusque dans la zone boréale. Kaston (1948) mentionne que les espèces de ce genre ne font pas de toiles mais qu’elles chassent à vue au sol et sous les pierres.
Quelques Theridiidae possèdent une morphologie spectaculaire, en particulier les espèces du genre Argyrodes, qui ont un abdomen allongé et triangulaire. Argyrodes trigonum est une espèce fréquente dans le sud de la province, où on la récolte en fauchant la végétation. Argyrodes fictilium est une espèce beaucoup plus rare, reconnaissable à son abdomen démesurément allongé. Les Argyrodes se distinguent également par leur mode de vie : ce sont des cleptoparasites, c’est-à-dire qu’ils se logent, incognito, dans les toiles d’autres araignées et se nourrissent des proies qu’ils subtilisent. Dans le cas d’A. fictilium, il est probable que cette espèce se nourrisse également de l’araignée dont elle occupe la toile (Paquin et Dupérré 2001a).
Phoroncidia americana est une araignée d’aspect inhabituel : elle ressemble davantage à une petite déjection qu’à un arachnide. Il est possible de récolter cette petite espèce au sud de la province en battant les arbustes, et Kaston (1948) précise qu’elle affectionne les thuyas. Crustulina sticta est une autre espèce à l’aspect particulier : son céphalothorax est couvert de rugosités, qui lui donnent un aspect granuleux.
Stiles et Coyle (2001) ont découvert que Theridion frondeum et T. albidum sont des espèces généralistes, mais que T. albidum est absent des habitats situés en altitude dans les Appalaches. Au Québec, cette ségrégation se fait également suivant la latitude : T. frondeum est une espèce largement répandue tandis que T. albidum est restreinte à la zone méridionale de la province.
On connaît très peu la biologie des Robertus, un genre qui comprend huit espèces dans la province. Les Robertus sont superficiellement très similaires et il est nécessaire d’examiner les pièces génitales pour les identifier à l’espèce. Il est apparemment possible de récolter des Robertus adultes pendant toute l’année. Kaston (1948) mentionne qu’il est préférable de tamiser la litière des forêts et les mousses pour les récolter.