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Famille: 

Clubionidae

Détails

On compte 26 espèces de Clubionidae sur le territoire québécois, mais il est probable que des récoltes futures révèlent la présence de six espèces additionnelles.
Les caractères morphologiques qui définissent les Clubionidae ont été modifiés à quelques reprises au cours des dernières décennies. Auparavant, la famille incluait des genres qui forment maintenant des familles distinctes, dont les Liocranidae et les Corinnidae. Le genre Cheiracanthium est inclus au sein des Clubionidae, mais plusieurs le considèrent plutôt qu’il appartient aux Miturgidae, un problème taxonomique qui n’est toujours pas résolu.
Les observations et les notes biologiques sur les Clubionidae sont peu nombreuses. Ces araignées sont actives la nuit et se déplacent en quête de proies qu’elles chassent à vue. Pendant la journée, les Clubionidae demeurent cachés dans des retraites de soie, où ont lieu l’accouplement et la ponte. Dondale et Redner (1982) rapportent que le nom vernaculaire anglais de la famille, sac spiders, fait allusion à la forme tubulaire de ces retraites. Ces dernières sont plutôt aplaties et peuvent être ouvertes ou fermées aux extrémités. On les trouve sous l’écorce morte des arbres, dans les feuilles enroulées et sous divers débris au sol.
Les espèces du genre Clubiona sont très semblables et, bien que certaines diffèrent par leur taille, l’examen des pièces génitales est nécessaire pour la détermination fiable des espèces. La plupart des Clubiona sont communes. Certaines espèces, comme Clubiona canadensis (fig. 356), sont ubiquistes et abondantes. Plusieurs ont des affinités marquées pour certains habitats. Par exemple, Clubiona moesta et Clubiona trivialis sont fréquemment récoltées dans les arbres, C. moesta étant associé au feuillage décidu, tandis que C. trivialis se trouve sur les conifères. Clubiona pygmaea est associée à la haute végétation; Clubiona riparia se trouve à proximité des plans d’eau; Clubiona furcata est associée aux marais tandis que Clubiona opeongo préfère les tourbières.
Certaines Clubiona ne sont pas communes, quelques-unes sont même rares : Clubiona quebecana est connue de seulement quelques exemplaires provenant des forêts décidues du sud du Québec et du nord des État-Unis. Clubiona angulata n’a été récoltée que dans deux localités de l’Ontario, tout près de la frontière sud du Québec. Il s’agit du Clubionide le plus mystérieux de notre région car on ne connaît rien de cette espèce, sinon que les spécimens proviennent d’un bois en bordure d’une rivière et de la litière d’une tourbière calcaire (Dondale et Redner 1982).
Notre faune comporte également quelques éléments en commun avec l’Europe. Clubiona norvegica est une espèce largement répartie sur notre continent. Elle se trouve au nord jusqu’à la toundra arctique. Roberts (1995) rapporte qu’en Europe, elle est associée aux mousses, à la litières des forêts et aux milieux humides en général, ce que confirment les récoltes de l’espèce en Amérique (Dondale et Redner 1982). Clubiona pallidula est une espèce introduite. Elle a été rapportée pour la première fois en Amérique du Nord en 1949 (Roddy 1966). Elle illustre le patron de répartition classique de beaucoup d’espèces introduites, qui est bipartite, avec un point d’entrée dans l’est du continent dans la région des Grands Lacs, et un autre sur la côte ouest dans la région de Vancouver (LeSage et Paquin 2001). En Europe, Roberts (1995) mentionne que la répartition de C. pallidula est vaste, bien que l’espèce soit plutôt locale et peu abondante.
Clubiona gertschi est une espèce connue uniquement des sommets alpins de la Nouvelle-Angleterre (Edwards 1958). Ces sommets font partie des Appalaches. En se basant sur les affinités alpines et sur la configuration géographique des Appalaches, on peut déduire que C. gertschi se trouve probablement sur les plus hauts sommets de la péninsule gaspésienne, comme le mont Albert et le mont Jacques-Cartier. D’autres araignées [Aculepeira carbonarioides (Araneidae), Hahnia glacialis (Hahniidae)], qui montrent le même type d’affinités écologiques, sont connues du Parc de la Gaspésie, ce qui appuit l’hypothèse de la présence probable de C. gertschi.
Elaver excepta est connu de plusieurs localités limitrophes au Québec (Ontario, nord-est des États-Unis, Nouvelle-Écosse) (Dondale et Redner 1982). Les récoltes effectuées à ce jour indiquent que cette espèce affectionne la litière des forêts décidues et le dessous des écorces. Sa présence est jugée probable dans les forêts du sud de la province.
Kaston (1948) mentionne que les femelles de Clubiona construisent des retraites particulières en repliant le bout d’un brin d’herbe de façon à former une petite cellule maintenue en place par de la soie (fig. 357). Roberts (1995) rapporte que certaines femelles y déposent leurs oeufs, puis s’y enferment. Comstock (1940) ironise en précisant que cette retraite sert de pouponnière pour les jeunes araignées et de tombeaux pour les parents.
L’identification des Clubionidae est possible grâce aux travaux d’Edwards (1958) et de Dondale et Redner (1976c, 1982), qui résument bien les connaisances taxonomiques des espèces de notre région. Malgré cela, il est surprenant de constater combien on connaît peu leur biologie.