Observer une chenille de monarque se nourrir sur un plant d'asclépiade peut éveiller l'espoir de trouver une chrysalide sur celui-ci (voir Fig. 1).  Cependant, l’étude de leur cycle de vie révèle que ces futurs papillons peuvent choisir des endroits bien plus inattendus pour leur transformation. Dans ce texte, je vous guide à travers la découverte des cachettes insolites que les chenilles privilégient pour leur métamorphose. 

Figure 1.  Chenille de Danaus plexippus (papillon monarque) qui mange une feuille d’Asclepias syriaca (asclépiade commune).

Afin de trouver la chrysalide du papillon monarque, il faut avant tout savoir à quoi elle ressemble.  Ce petit bijou de la nature, d’une taille moyenne de 2,5 cm, se distingue par sa couleur vert jade, ornée de points dorés (voir Fig. 2).  Ces caractéristiques ne servent pas uniquement à l'esthétique; elles jouent aussi un rôle crucial dans le camouflage de la chrysalide au sein de la végétation, la protégeant ainsi des prédateurs durant cette étape vulnérable de sa transformation. 

Figure 2.  Chrysalide de Danaus plexippus (papillon monarque).

À l'approche de l'émergence du papillon, on peut apercevoir sa silhouette à travers la chrysalide (voir Fig. 3).

Figure 3.  Chrysalide de Danaus plexippus (papillon monarque) révélant le papillon monarque sur le point d’émerger.

Maintenant que nous connaissons l'apparence de la chrysalide du papillon monarque, explorons les endroits où elle pourrait se cacher dans la nature.  On pense à tort que l’on peut trouver indéniablement la chrysalide sur un plant d’asclépiade parce que la chenille s’en nourrit.  Toutefois, étant donné que l'asclépiade attire une multitude d'insectes, dont certains peuvent menacer le papillon lors de son émergence, il est plausible de supposer que la chenille chercherait un lieu plus sûr pour sa transformation.

La figure 4 révèle un habitat idéal pour la chenille du papillon monarque.  Nous y découvrons une petite colonie de plants d’asclépiade à proximité d’une clôture de bois.  En examinant les traverses de cette clôture, il est très probable d’y découvrir une chrysalide (voir Fig. 5).  La vidéo 1 offre une vue d’ensemble plus précise du contexte.

Figure 4.  Plants d’Asclepias syriaca (asclépiade commune) longeant une clôture de bois.
Figure 5.  Chrysalide de Danaus plexippus (papillon monarque) sur la traverse de la clôture de bois.

Vidéo 1

De façon surprenante, les boulevards industriels s'avèrent être des endroits riches en œufs et chenilles du papillon monarque. Effectivement, il n'est pas rare de découvrir, le long des fondations des usines, des plants d’asclépiade (voir Fig. 6). La lisse de départ du revêtement des usines offre un refuge idéal pour les chenilles prêtes à entamer leur métamorphose (voir Fig. 7).  La figure 8 illustre une chrysalide vide, témoignant de la transformation réussie d'un papillon.  La vidéo 2 nous offre une perspective d’ensemble.

Figure 6.  Plants d’Asclepias syriaca (asclépiade commune) le long d’un solage d’une usine et chrysalide de Danaus plexippus (papillon monarque).
Figure 7.  Chrysalide de Danaus plexippus (papillon monarque) sur la lisse de départ du revêtement.

Vidéo 2 :

En poursuivant notre exploration des zones peuplées par l'asclépiade, il est essentiel de prêter attention aux objets situés à proximité des plants. La figure 9 illustre parfaitement ce point : une boîte en bois est placée juste en face de plants d’asclépiade qui bordent une remise. Guidée par mon sens aigu de l'observation, je scrute avec soin la base de la remise, mais en vain, aucune chrysalide à l'horizon. Mon examen se poursuit plant par plant, mais le résultat reste le même : pas de trace de chrysalide.

C'est alors que mon regard est attiré par la boîte en bois. Et là, caché, un véritable trésor se révèle à mes yeux : une chrysalide, parfaitement dissimulée et à l'abri des regards indiscrets (voir Fig. 10). Pour une immersion totale dans cette découverte, je vous invite à visionner la scène dans la vidéo 3.

Figure 9.  Plants d’Asclepias syriaca (asclépiade commune) le long d’une remise et boîte en bois.
Figure 10.  Chrysalide de Danaus plexippus (papillon monarque) à l’intérieur d’une boîte en bois.

Vidéo 3 :

Voici un autre élément qui a attiré mon attention : le pot de fleurs.  Dans une rocaille, nous trouvons des plants d’asclépiade à proximité d’un pot en grès doté d’un rebord (voir Fig. 11). Ce rebord offre à la chrysalide protection contre les intempéries et les prédateurs (voir Fig. 12).  La vidéo 4 illustre parfaitement le contexte

Figure 11.  Plant d’Asclepias syriaca (asclépiade commune) dans une rocaille et un pot de grès.
Figure 12.  Chrysalide de Danaus plexippus (papillon monarque) sur le rebord d’un pot de grès.

Vidéo 4 :

À la figure 13, notre regard est captivé par un pot contenant un plant d’asclépiade incarnate placé à proximité d’une autre plante verte.  Étonnamment, comme le montrent les figures 14 et 15, une chenille a préféré se déplacer sur cette seconde plante, révélée être un plant de consoude. L'absence de floraison chez la consoude semble diminuer son attractivité pour les insectes environnants, transformant ce lieu en un havre de paix propice à la métamorphose de notre voyageuse. Ne manquez pas de découvrir cette scène dans la vidéo 5.

Figure 13.  Plant d’Asclepias incarnata (asclépiade incarnate) dans un pot à côté d’un plant de Symphytum officinale (consoude).
Figure 14.  Plant d’Asclepias incarnata (asclépiade incarnate) dans un pot et une chrysalide de Danaus plexippus (papillon monarque) sur un plant de Symphytum officinale (consoude).
Figure 15.  Chrysalide de Danaus plexippus (papillon monarque) sur un plant de Symphytum officinale (consoude).

Vidéo 5 :

Bien qu'il soit possible de trouver la chrysalide du papillon monarque dans des lieux inattendus, elle est également observée, sans grande surprise, sur les plants d'asclépiade. Au pied d'un mur de maison, on découvre une petite colonie d'asclépiade commune. On note que la chenille a choisi de se positionner près de la tige d'une feuille d'asclépiade pour y former sa chrysalide (voir Fig. 16). Cette localisation offre un support stable pour la chrysalide, garantissant que la feuille ne fléchira pas sous son poids. La vidéo 6 illustre cette scène en détail.

Figure 16.  Chrysalide de Danaus plexippus (papillon monarque) sur un plant d’Asclepias syriaca (asclépiade commune).

Vidéo 6 :

Depuis plusieurs années, je donne des conférences sur le papillon monarque et la biodiversité. J'ai recueilli des témoignages fascinants, mais c'est l'histoire racontée par une dame qui m'a particulièrement amusée. Elle m'a expliqué qu'une chenille de papillon monarque s'était introduite chez elle sans qu'elle s'en rende compte. Selon ses dires, la chenille serait entrée par la porte patio et aurait gagné le salon. Là, elle a choisi de se fixer sur le rideau pour y former sa chrysalide. La présence de l'intruse est restée inaperçue jusqu'à l'émergence du papillon, moment où la dame a découvert la chrysalide accrochée à son rideau. Voilà qui est pour le moins insolite.

J'ai également une anecdote insolite à partager. Une chenille a réussi à s'infiltrer chez moi sans que personne ne s'en aperçoive. Elle a traversé une grande distance à l'intérieur de ma maison pour trouver le lieu parfait où effectuer sa métamorphose. Étonnamment, elle est restée invisible à tous, y compris au chien de la maison. Finalement, elle a élu domicile au centre du cadre de la porte de mon bureau. La transformation s'est déroulée à notre insu (voir Fig. 17). Depuis la porte patio jusqu'à mon bureau, la chenille a parcouru plus de 15 mètres à l'intérieur, sans compter la distance extérieure qu'elle a dû franchir pour entrer dans la maison, c’est tout un marathon.

Figure 17.  Chrysalide de Danaus plexippus (papillon monarque) au centre du cadre de porte de mon bureau de travail.

On pourrait facilement croire que les chenilles du papillon monarque, se délectant d'asclépiade, privilégieraient cette plante pour leur métamorphose. Cependant, elles déjouent souvent nos attentes en trouvant refuge dans des endroits inattendus. Il est donc bénéfique de parfois détourner notre regard des lieux présumés pour dénicher les merveilles cachées que recèle la nature. L'observation minutieuse, fondamentale dans la démarche scientifique, se révèle être notre alliée la plus précieuse pour découvrir ces petits bijoux. À travers cette exploration des cachettes singulières de la chrysalide du monarque, je souhaite inspirer une curiosité et une attention renouvelées envers les trésors discrets de notre environnement. La nature ne cessera jamais de nous surprendre, nous rappelant que, parfois, les plus grandes aventures se trouvent dans les détails les plus subtils.

Voir aussi les autres articles sur le papillon Monarque: https://www.natureweb.com/auteurs/yolaine-rousseau

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Publié 
18/4/2024
 dans la catégorie 
Insectes