La nature est incomparable et ce qui la rend encore plus fascinante, c’est qu’elle est capable de créer des œuvres d’art d’une grande beauté, telles que la chrysalide du papillon monarque.  Sous le « regard » attentif d'une fleur de cosmos (voir photo 1), la chrysalide du papillon monarque se révèle comme un joyau précieux, façonné entièrement par la nature elle-même. La nature rivalise avec les créations exceptionnelles des plus grands bijoutiers joailliers au monde.  Dans cet article, laissez-moi vous faire découvrir avec émerveillement l'aventure fascinante de la formation de la chrysalide du papillon monarque.

(Photo 1) Chrysalide de Danaus plexippus (papillon monarque) sous une feuille de l’Asclepias syriaca (asclépiade commune)

L'aventure de la formation de la chrysalide du papillon monarque est un moment crucial de sa vie. Elle commence lorsque la chenille atteint environ 50 mm de longueur et a déjà effectué quatre mues. La cinquième mue marque le début de la métamorphose qui mène à la formation de la chrysalide, le troisième stade de vie du papillon monarque, après l’œuf et la chenille. Quelques heures avant ce changement spectaculaire, la chenille cherche un endroit sécuritaire en hauteur pour se dissimuler aux yeux de potentiels prédateurs. Elle cesse également de s'alimenter et tisse un bouton de soie qui lui permet de s'accrocher solidement avec ses crochets situés au bout de son abdomen.
Une fois en place, la chenille désancre ses six pattes avec l'aide de la gravité pour former sa remarquable posture en forme de "J", comme on peut l'observer sur les photos 2, 3, 4 et 5. C'est un moment fascinant où l'on peut voir l'action de la force gravitationnelle qui s'opère. La chenille s'abandonne totalement, se préparant à la prochaine étape de sa transformation, la nymphose, c’est-à-dire la transformation en chrysalide.

(Photos 2-3-4-5) Chenille de Danaus plexippus (papillon monarque)  

Une fois que la chenille forme le « J », elle demeure dans cette position pendant 12 à 48 heures avant de se débarrasser de sa cuticule pour la dernière fois. Sur la photo 6, on peut observer de près le coussinet de soie et les crochets qui stabilisent la chenille. La photo 7 révèle, à travers la peau de la chenille, une coloration verte qui témoigne de la présence de la chrysalide sous sa cuticule. Au fil du temps, le « J » devient moins net, signe que la métamorphose approche, comme le montre la photo 8.

(Photos 6-7-8) Chenille de Danaus plexippus (papillon monarque)  

Lorsqu'une ligne longitudinale apparaît le long de la partie dorsale de la chenille, cela indique que la déchirure fatale qui révèle la chrysalide est imminente (voir photo 9). La peau commence alors à se fissurer, laissant apparaître la chrysalide (voir la photo 10).

(Photos 9-10)

La métamorphose de la chenille en chrysalide est un processus fascinant qui ne dure qu'un peu plus de trois minutes (voir la vidéo 1). Durant ce court laps de temps, la vie et la mort se superposent, créant une expérience presque semblable à celle du chat de Schrödinger. Au fur et à mesure que la chrysalide se tortille, la peau de la chenille commence à se replier sur elle-même comme un accordéon (voir photos 11 à 20).

(Photos 11-12-13-14-15)
(Photos 16-17-18-19-20)

Lorsque la cuticule approche du bouton de soie, le processus de la faire tomber est fascinant à observer. Une petite queue appelée crémaster sort et se fixe au bouton de soie pour déloger la cuticule. Sur la photo 21, on voit le crémaster, et la photo 22 dévoile le moment où le crémaster s'accroche au bouton de soie. Une fois que la cuticule est tombée et que le crémaster est fermement fixé, la chrysalide encore en mouvement est solidement maintenue, comme le montre la photo 23.  Il est remarquable de voir sur la vidéo 1, à 1 minute et 26 secondes, le crémaster en action, cherchant presque à l'aveugle le bouton de soie pour s'y fixer. 

(Photos 21-22-23)
Vidéo 1 : Lien de la vidéo

Pendant la nymphose, la chrysalide prend l’apparence d’un moule sophistiqué façonné par la nature. Cette structure étonnante offre suffisamment d'espace pour former toutes les parties du papillon monarque. Les cellules souches s'expriment avec efficacité et précision dans ce moule extraordinaire.  Sur la photo 24, on peut observer quelques parties du futur papillon qui émergera.

(Photo 24)

La chrysalide du papillon monarque arbore une teinte vert pâle (voir la photo 25) qui évolue progressivement vers un vert jade orné de points dorés (voir la photo 26). Ces points jouent un rôle crucial dans la survie de la chrysalide en lui permettant de mieux se camoufler et ainsi éviter les prédateurs. Les rayons lumineux qui frappent les petits points dorés sont réfléchis rendant ainsi la chrysalide plus difficile à repérer. La nature connaît bien les lois de la physique et les exploite avec ingéniosité pour assurer la survie de ses créatures.

(Photos 25-26) Chrysalides de Danaus plexippus (papillon monarque)  

Chaque été, j'ai la chance d'observer plusieurs centaines de chrysalides de papillons monarques, chacune étant unique en son genre et se distinguant par sa taille. Sur la photo 27, on peut observer deux chrysalides présentant une différence de taille marquée. En moyenne, la longueur d'une chrysalide est de 22 mm, mais cela peut varier considérablement selon la taille de la chenille qui l'a produite.  C'est une belle illustration de la diversité de la nature, où chaque être vivant est unique et présente ses propres caractéristiques.

(Photo 27)

Il est possible de déterminer le sexe du papillon à naître en observant la chrysalide.  En effet, une ligne verticale située au centre, sous les deux tubercules de Holdfast (les deux points noirs visibles sur la photo 28), permet d'identifier le sexe du papillon. Si la ligne est longue, cela indique que le papillon sera une femelle, tandis qu'une petite ligne, comparable à un point, correspond à un papillon mâle. Cette caractéristique fascinante de la chrysalide offre un aperçu intéressant du développement de l'animal et montre encore une fois la complexité de la nature. Il est incroyable de constater à quel point la nature regorge de secrets et de merveilles, et en apprenant à l'observer, nous pouvons en découvrir encore plus.

(Photo 28)

La formation de la chrysalide du papillon monarque est une étape très impressionnante, et en continuant d'observer et de protéger ces créatures fascinantes, nous pouvons en apprendre encore plus sur elles et peut-être découvrir de nouvelles merveilles dans notre environnement naturel. Mais ce n'est pas la fin de leur transformation : dans la suite, nous allons observer l'émergence d'un papillon monarque, le quatrième et dernier stade de sa vie. C'est un moment magique et captivant qui nous permet de mieux comprendre les processus naturels qui se produisent tout autour de nous.

Voir aussi les autres articles sur le papillon Monarque: https://www.natureweb.com/auteurs/yolaine-rousseau

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Publié 
11/9/2023
 dans la catégorie 
Insectes