Les pseudoscorpions appartiennent aux arachnides puisqu'ils possèdent 8 pattes pour marcher (figure 1). Ils représentent un ordre qui ressemble quelque peu à l’ordre des scorpions, à cause des palpes préhensiles en forme de pinces vers l’avant. Toutefois les pseudoscorpions ne possèdent pas de queue munie d’un dard et sont d’une taille beaucoup plus petite que celle des scorpions (figure 3). Ils sont, par conséquent, faciles à reconnaître.
La plupart font environ 3 mm et le géant de l’ordre est Garypus titanius Beier 1961 qui fait 11 mm. Cette espèce est endémique à deux petites îles de l’Atlantique Sud. Ce pseudoscorpion ne se trouve plus que sur Boatswain Bird Island, une minuscule île de 15 hectares qui se trouve à proximité de l'Île de l'Ascension, sur laquelle il est maintenant considéré disparu. La faune mondiale compte 4081 espèces réparties en 25 familles, mais il y aurait encore de nombreuses espèces inconnues et/ou non-décrites. Ce type d’estimation provient du fait que de nombreuses espèces sont découvertes chaque fois qu’une région mal connue est étudiée un peu plus en profondeur. Au Canada par exemple, on rapporte 24 espèces connues, mais une récente compilation officieuse suggère que 35 espèces se trouvent au Québec seulement. Il y a encore beaucoup à faire pour mieux connaître la diversité de cet ordre.
Les pseudoscorpions sont des prédateurs qui se nourrissent d’insectes et de petits arthropodes. En Amérique du Nord, beaucoup d’espèces sont étroitement associées aux sols forestiers. Elles sont parfois récoltées en grand nombre par extraction (extracteur de Berlèse par exemple) de la litière tamisée. Les pseudoscorpions sont cependant difficiles à trouver dans la nature parce qu’ils sont peu mobiles et attirent peu l’attention.
Les pseudoscorpions font partie des taxons qui ont des affinités pour les cavernes. En Amérique du nord, plus de 100 espèces sont inféodées aux habitats souterrains et plusieurs sont des espèces troglobies. Par exemple, au Texas on trouve le genre Tartarocreagris (14 espèces de la famille Neobisiidae), ou en Arizona : le genre Tuberochernes (2 espèces de la famille Chernetidae). Selon Mark Harvey, une autorité mondiale sur les pseudoscorpions, les espèces troglobies sont d’excellents exemples d’endémisme restreint (short range endemism) qui procurent une grande valeur d’un point de vue conservation à cause de leur rareté et leur minuscule répartition géographique.
Toutefois, l’espèce de pseudoscorpion Chelifer cancroides (Linnaeus 1758) est probablement la plus connue et la mieux étudiée (figure 4). Les mentions publiées précisent que cette espèce se trouve dans plusieurs types d'habitats extérieurs, mais elle est surtout associée aux habitations humaines et aux nids d’oiseaux. Cette affinité pour les habitations humaines fait d’elle une espèce synanthrope (associée aux humains), ce qui explique qu’elle est maintenant connue dans 58 pays répartis sur toute la planète et on la qualifie d’espèce cosmopolite. L'ancienne littérature mentionne que C. cancroides est souvent associé aux bibliothèques et aux livres, particulièrement à cause des insectes qui se nourrissent de la colle contenue dans les reliures comme les psocoptères. Toutefois, les mentions connues du Québec ne soutiennent pas cette affirmation. Il semble plutôt qu'elle soit fréquente dans les salles de bain. Peut-être qu’il y a un lien avec l’humidité parfois élevée, ou encore une plus grande abondance de proies dans cette pièce. Toutefois, il existe plusieurs mentions liant la présence de cette espèce aux punaises de lit [Cimex lectularius, (Linnaeus 1858)] dont elle peut se nourrir.
Les pseudoscorpions sont peu mobiles, mais il est fréquent de les voir se déplacer à reculons s’ils sont effrayés. Pour se disperser, certaines espèces sont connues pour s’accrocher à un autre animal qui lui se déplace plus facilement (oiseau, insecte, etc). On appelle ce type de transport : la phorésie (figure 5).
Les pseudoscorpions ont la capacité de tisser des petits abris de soie dont ils se servent pour muer, s'accoupler et se protéger. Certaines espèces possèdent des rituels d’accouplement qui ressemblent quelque peu aux scorpions: lors d’une “danse” pendant laquelle le mâle et la femelle se saisissent par les palpes, les mâles poussent les femelles vers une structure de soie (nommée spermatophore) préalablement disposée, qui contient sa semence. Pour d’autres espèces, le mâle pousse directement sa semence dans la femelle en utilisant ses pattes avant. Certaines femelles portent les œufs fertilisés dans une poche sous l’abdomen. Habituellement, on compte de 20 à 40 petits pseudoscorpions par couvée, qui devraient passer par 3 mues pour atteindre le stade adulte.
Dans la BD, l’excitation de Matt en trouvant un pseudoscorpion est due à deux choses : comme pour la plupart des gens, les pseudoscorpions sont rarement vus, alors c’est une première. De plus, les pseudoscorpions inféodés aux cavernes sont particulièrement rares et difficiles à trouver. Une double raison pour en être content (figure 2) !
Auteur : Pierre Paquin
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